L'utilisation de la réalité virtuelle et augmentée dans les forces de l'ordre

L'essor de la Réalité Virtuelle (VR) et de la Réalité Augmentée (AR) transforme de nombreux domaines, y compris celui des forces de l'ordre. Ces technologies immersives offrent des possibilités inédites pour la formation, l'intervention et l'investigation, ouvrant la voie à des méthodes plus efficaces et sécurisées.

Tandis que la réalité virtuelle permet de recréer des environnements complets pour l'entraînement et les simulations, la réalité augmentée apporte des outils puissants pour l'analyse et la résolution des crimes en superposant des éléments virtuels au monde réel. Explorons comment ces avancées technologiques révolutionnent les pratiques des forces de l'ordre.

Sommaire :

• La réalité augmentée (AR) et la réalité virtuelle (VR) pour les forces de l'ordre
  • • Réalité augmentée (AR) : Une fusion du réel et du virtuel
    • Application de l'AR au sein de la Gendarmerie
    • Réalité virtuelle (VR) : Immersion totale pour la formation et l'entraînement

• Les avantages et les inconvénients de l'AR et de la VR pour les forces armées
  • • Les Avantages
    • Les Inconvénients 

• Un premier exercice international de sécurité dans le métavers
  • • Entre formation et répression pour la Gendarmerie Nationale
    • Interpol ouvre ses bureaux dans le métavers et organise des formations

• Conclusion

La réalité augmentée est une technique numérique qui permet d'intégrer des éléments virtuels en 3D dans le champ de vision environnant. Le principe est de combiner le virtuel et le réel afin de donner l'illusion d'une intégration parfaite à l'utilisateur. Contrairement à la réalité virtuelle, qui remplace entièrement notre environnement, la réalité augmentée l'enrichit avec des informations et des éléments supplémentaires. Cette technologie a des applications potentielles dans de nombreux domaines, comme le cinéma, l'aviation et le médical. Dans le domaine judiciaire, l'utilisation de l'AR commence à se développer, bien qu'elle soit encore en phase expérimentale.

Au sein de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN), le département Signal Image et Parole (SIP) explore et développe des applications innovantes de réalité augmentée (AR), une technologie prometteuse dans le domaine criminalistique. Actuellement opérationnelle à l'IRCGN, l'AR permet la modélisation en 3D d'objets comme des armes ou des corps, qui peuvent être visualisés sur une scène de crime grâce à des applications sur smartphones, lunettes ou tablettes.

Le département SIP travaille également sur des modules complémentaires pour enrichir les applications actuelles de l'AR, avec des innovations prévues pour être disponibles d'ici deux à trois ans. Ces avancées ouvrent la voie à des méthodes plus interactives et immersives, où la réalité augmentée offre des solutions concrètes pour surmonter les défis techniques et logistiques des enquêtes criminelles modernes.

En intégrant continuellement de nouvelles fonctionnalités, le département SIP s'assure que les outils développés restent à la pointe de la technologie, répondant aux besoins évolutifs des experts sur le terrain et garantissant des méthodes toujours plus précises et efficaces.

La réalité virtuelle (VR) crée un environnement entièrement artificiel dans lequel les utilisateurs peuvent interagir de manière immersive, ouvrant de nouvelles perspectives dans la formation et l'entraînement des forces de l'ordre et des militaires. En plongeant les utilisateurs dans des scénarios virtuels réalistes, la VR offre une expérience d'apprentissage incomparable.

Les scénarios virtuels d'entraînement permettent aux utilisateurs de développer leurs compétences techniques et tactiques, d'améliorer leur prise de décision sous pression et de renforcer leur coordination en équipe. L'un des principaux avantages de la VR est la possibilité de répéter les scénarios autant de fois que nécessaire. La VR permet également une analyse détaillée des performances des utilisateurs. Chaque session d'entraînement peut être enregistrée et revue pour identifier les points forts et les axes d'amélioration.

L'avenir de la réalité virtuelle dans la formation et l'entraînement s'annonce prometteur, avec des développements continus qui permettront d'atteindre des niveaux d'immersion et de réalisme encore plus élevés.

Réalité augmentée (AR)

• Modélisation précise des scènes de crime : L'AR permet de reconstituer les scènes de crime ou d'accidents en 3D, offrant une vue immersive et détaillée sous tous les angles. Cette capacité aide à détecter des indices cruciaux souvent invisibles à l'œil nu lors d'une inspection traditionnelle.

• Assistance en temps réel : Grâce à des dispositifs tels que les casques AR, les gendarmes peuvent recevoir des instructions en temps réel de la part d'experts éloignés, optimisant ainsi les prélèvements et les analyses sur le terrain.

• Présentation efficace lors des procès : L'AR facilite la présentation d'objets volumineux ou non déplaçables en les recréant virtuellement. Cela renforce les arguments des parties grâce à des démonstrations visuelles concrètes.

• Entraînement réaliste et sécurisé : Les simulateurs AR permettent aux forces de l'ordre de s'entraîner dans des environnements réalistes sans risque, améliorant leur préparation pour les situations dangereuses.

Réalité Virtuelle (VR)

• Simulation d'environnements dangereux : La VR permet de recréer des situations de combat ou des interventions dangereuses, offrant une formation immersive et réaliste sans risque de blessure.

• Maniement d'armes et d'équipements : La VR permet de tester et de s'entraîner au maniement d'armes avec un retour haptique, recréant fidèlement le recul et l'expérience de l'arme.

• Formation médicale : Les simulations en VR pour les procédures médicales complexes permettent aux professionnels de la santé de s'entraîner dans des conditions stressantes sans risque pour les patients.

• Simulation de véhicules : Les simulateurs de vol et de conduite en VR permettent aux utilisateurs de s'entraîner dans un environnement sécurisé, améliorant leur préparation et leur sécurité.

Réalité Augmentée (AR)

• Problèmes de confidentialité : L'AR collecte des données biométriques et comportementales, soulevant des préoccupations concernant la confidentialité des informations sensibles.

• Coût et accessibilité : Le développement et l'implémentation des technologies AR peuvent être coûteux, limitant leur accessibilité pour certaines unités ou services.

• Dépendance technologique : Une dépendance accrue à la technologie AR peut poser des problèmes en cas de dysfonctionnement technique ou de cyberattaques.

Réalité Virtuelle (VR)

• Collecte de données sensibles : La VR collecte des données biométriques détaillées, telles que le suivi des mouvements oculaires et des gestes, qui peuvent être exploitées en cas de violation de données.

• Risques de cyberattaques : Les plateformes de VR peuvent être ciblées par des ransomwares ou des cybercriminels, mettant en danger les informations personnelles et la sécurité des utilisateurs.

• Difficulté d'anonymisation : Les données de suivi en VR sont difficiles à anonymiser en raison des schémas de mouvement uniques, rendant les utilisateurs vulnérables à l'identification.

• Problèmes de santé : L'utilisation prolongée de la VR peut entraîner des effets secondaires tels que la fatigue oculaire, des maux de tête et des nausées, impactant la performance des utilisateurs.

Preuve de l’intérêt des forces de l'ordre pour le métavers, en mars 2022, les Émirats arabes unis et la France ont organisé le premier exercice international virtuel de sécurité dans cet univers numérique. Des membres de la Police et de la Gendarmerie Nationale française ont participé à cet événement, réunissant virtuellement neuf pays de l’International Security Alliance (ISA). Baptisé ISALEX 2.0, cette première mondiale a permis à 50 experts en sécurité de collaborer pendant trois jours dans le métavers, travaillant sur des scénarios de cybercriminalité et d’attaques de drones.

Ce fut l'occasion de tester la coopération et le travail collaboratif en réunissant les équipes dans des salles des opérations virtuelles. Selon Hamad Khatir, directeur du département des opérations internationales au ministère de l’Intérieur des Émirats arabes unis, cet exercice démontre l'importance de l'expérience pratique dans un environnement de réalité virtuelle pour soutenir la formation policière en temps réel, faciliter le partage des connaissances et stimuler la coopération internationale. « Aujourd’hui, nous faisons entrer les forces de l’ordre dans le métavers, mais c’est finalement dans le monde réel que nous en tirerons les bénéfices », a-t-il déclaré.

La Gendarmerie Nationale, ayant participé à cet exercice inédit, montre un intérêt grandissant pour le métavers. Elle édite la revue Cultur’IA, dédiée à l'intelligence artificielle et à ses applications dans la sécurité, et réfléchit déjà à des façons d'exploiter ces univers virtuels immersifs. Parmi les applications possibles, on trouve l'analyse des scènes de crime via une interface immersive, l'amélioration des formations pour les unités d’intervention et de maintien de l’ordre, et la mise en place de scénarios complexes pour les acteurs opérationnels sans les exposer à des dangers réels.

À l’avenir, la Gendarmerie prévoit d'utiliser le métavers pour mener des actions de prévention, d’information et de communication, et offrir une meilleure accessibilité à ses services. Néanmoins, elle est consciente qu'un volet répressif sera nécessaire pour faire face aux délinquances dans cet environnement virtuel. Le métavers, bien que perçu comme un futur lointain, pose de nombreuses questions essentielles pour la sécurité, motivant des initiatives comme celles d'Interpol.

Jürgen Stock, secrétaire général d'Interpol, l'affirme « pour beaucoup, le métavers est synonyme d’avenir lointain, mais les questions qu’il soulève sont celles qui ont toujours motivé Interpol : aider nos pays membres à lutter contre la criminalité et rendre le monde, virtuel comme réel, plus sûr pour les populations qui y vivent. »

Interpol a donc créé un groupe d'experts pour assurer la sécurité du métavers dès sa conception et se préparer aux nouvelles menaces, telles que la pédocriminalité, le vol de données, le blanchiment d’argent, la fraude financière, et bien d'autres. En octobre 2022, Interpol a lancé le premier métavers policier au monde, permettant aux utilisateurs de visiter virtuellement son siège à Lyon. Les policiers peuvent interagir via des avatars et suivre des formations immersives. Lors de ce lancement, une session de formation sur la vérification des documents de voyage a été dispensée dans le métavers, suivie d'exercices pratiques dans un aéroport virtuel, illustrant le potentiel bluffant de cette technologie pour la formation et la collaboration policière.

Les technologies de réalité virtuelle et augmentée révolutionnent les pratiques des forces de l'ordre en offrant des méthodes innovantes de formation et d'intervention. Alors que la VR est déjà utilisée pour la formation, l'AR commence à se faire une place dans les opérations de terrain et les processus judiciaires. Ces technologies continueront de progresser, offrant de nouvelles opportunités pour améliorer l'efficacité et la sécurité des forces de l'ordre. En embrassant ces innovations, les forces de sécurité peuvent mieux se préparer aux défis complexes du monde moderne.