Le RAID est l'une des unités d'élite de la Police Nationale française. Elle est fondée en octobre 1985 sous le ministère de l'intérieur de Pierre Joxe et à la demande de la communauté policière pour lutter contre le grand banditisme et le terrorisme. L’unité centrale du RAID est située à Bièvres, dans l’Essonne. Réputée pour ses interventions de haute intensité, cette unité se distingue par son expertise lors des prises d'otages, la lutte antiterroriste et la protection de personnalités. Composé de policiers rigoureusement sélectionnés et formés, le RAID joue un rôle essentiel dans la sécurité publique, assurant des missions variées avec une efficacité remarquable grâce à son équipement et ses technologies de pointe.
Sommaire :
RAID : Origines et Missions
Historique du RAID
Création et évolution
Le RAID aujourd'hui, qui signifie "Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion", a initialement été nommé en référence au terme « raid », évoquant un assaut militaire. Opérant sur l'ensemble du territoire national, le RAID est spécialisé dans la lutte contre le grand banditisme, le terrorisme, les prises d'otages, et toutes formes de criminalité.
En 2010, l’Unité de Coordination des Forces d'Intervention (UCOFI) est mise en place pour coordonner les actions du RAID et du GIGN, facilitant leur coopération par des exercices d’intervention communs. En mars 2015, les sept Groupements d’Intervention de la Police Nationale (GIPN) en métropole – Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes et Strasbourg – sont intégrés au RAID, devenant ses antennes territoriales. Cette intégration fait passer les effectifs du RAID de 80 à environ 500 agents.
Chaque antenne intervient selon son secteur géographique, mais la Procédure d’Urgence Absolue (PUA), instaurée en avril 2016, permet à toutes les unités d’agir sur tout le territoire en cas de crise majeure, sur décision du ministre de l’Intérieur en réponse aux menaces d’attentats.
En avril 2016, de nouvelles antennes sont créées à Montpellier et Toulouse, puis à Nancy en 2017. Enfin, de 2018 à 2019, les GIPN de Nouméa (Nouvelle-Calédonie), Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) et Saint-Denis (La Réunion) sont progressivement transformés en antennes du RAID, assurant ainsi une couverture nationale, y compris en outre-mer.
Interventions marquantes
Les interventions du RAID sont souvent médiatisées en raison de leur importance et de leur dangerosité. Parmi les opérations les plus marquantes figurent :
- Prise d'otages au palais de justice de Nantes (1985) : La première intervention du RAID se déroule le 19 décembre 1985, lors d'une prise d'otages au palais de Justice de Nantes. Deux hommes, Georges Courtois et Patrick Thiolet, comparaissent pour vols à main armée. En pleine audience, un troisième complice, présent dans la salle, prend l'assemblée en otage, armé d'une grenade et d'un pistolet. Le RAID intervient, les négociations durent 34 heures, et les malfaiteurs sont arrêtés sans faire de blessés.
- Arrestation de membres d'Action Directe (1987) : En février 1987, le RAID est mobilisé pour arrêter quatre membres du groupe d'extrême gauche Action Directe, retranchés dans une ferme près d'Orléans. Après une surveillance discrète de plusieurs jours, 28 policiers du RAID mènent l'assaut, capturant les suspects et saisissant des armes et des explosifs. Entre 1979 et 1987, ses membres ont revendiqué plus de 80 attentats et assassinats en France.
- Prise d'otages à l'école maternelle de Neuilly-sur-Seine (1993) : En mai 1993, un homme qui se surnommait lui-même "Human Bomb" prend en otage une classe de 21 enfants et leur institutrice dans une école maternelle à Neuilly-sur-Seine, équipé d'une ceinture d'explosifs. Il demande une rançon de 100 millions de francs pour libérer les otages. Après 46 heures de négociations, le RAID intervient et neutralise l'homme alors qu'il dort, sauvant tous les enfants ainsi que l'institutrice.
- Affrontement avec le gang de Roubaix (1996) : En mars 1996, le RAID intervient pour arrêter les membres du gang de Roubaix, malfaiteurs liés à Al-Qaïda, impliqués dans une série de braquages violents destinés à financer le djihad via un réseau international orchestré par le terroriste Fateh Kamel depuis Montréal. L'assaut est marqué par un échange de tirs avec les terroristes, au cours duquel deux policiers sont grièvement blessés. Les suspects sont finalement neutralisés.
- Arrestation d'Yvan Colonna (2003) : En juillet 2003, le RAID, dirigé par le commissaire divisionnaire Christian Lambert, arrête Yvan Colonna après une fuite de 1500 jours, il était recherché depuis 4 ans. Il est soupçonné d'avoir assassiné le préfet Claude Érignac le 6 février 1998 à Ajaccio. L'intervention se déroule en Corse, dans une bergerie où Colonna s'était réfugié.
- Assaut contre Mohammed Merah (2012) : En mars 2012, le chef du RAID, Amaury de Hauteclocque, mène l'assaut contre Mohammed Merah, responsable de la mort de 3 militaires et d'une tuerie faisant 4 morts devant le collège juif Ozar Hatorah. Il s'était retranché dans son appartement à Toulouse après une série d'attentats. Après 30 heures de siège, Merah est tué lors de l'opération.
- Intervention à l'Hyper Cacher (2015) : En janvier 2015, le RAID et la BRI interviennent ensemble pour libérer les otages retenus dans l'Hyper Cacher à la Porte de Vincennes par un terroriste islamisque. Amedy Coulibaly, responsable de la mort de 4 personnes et de la prise de 16 otages, demande la libération des frères Kouachi. L'assaut se termine par l'élimination du preneur d'otages.
- Intervention au centre pénitentiaire d'Alençon-Condé (2019) : En 2019, le RAID intervient dans le centre pénitentiaire d'Alençon-Condé après que Michaël Chiolo, détenu radicalisé et sa femme aient attaqué des surveillants, l'attentat visait également le directeur de la prison ainsi que des membres de la commission des peines. L'attentat fait 3 morts. L'assaut aboutit après 10 heures de retranchement à la maîtrise du détenu, tandis que sa femme, gravement blessée, succombe à ses blessures à l'hôpital.
- Intervention à la Grande-Motte (2024) : Le 24 août, le RAID conjointement avec la BRI de Monpellier est intervenu pour interpeller le suspect de l'incendie de la synagogue de La Grande-Motte après 15 heures de traque. L'homme muni d'une hache prévoyait d'attendre la sortie des fidèles. Il a été arrêté à Nimes. Un policier municipal est légèrement blessé suite à l'explosion de la bonbonne de gaz présente à proximité de voitures qu'il avait incendiées.
Ces opérations mettent en lumière l'efficacité et la bravoure des policiers du RAID.
Missions du RAID
Types de missions
Le RAID intervient dans des situations critiques qui requièrent l'engagement d'unités d'élite. Ses membres disposent des compétences et des moyens techniques nécessaires pour gérer les événements les plus périlleux.
Spécialisé dans la négociation et les assauts, le RAID est chargé d'interpeller ou de neutraliser les individus dangereux. Il se consacre à la lutte contre le crime organisé, le grand banditisme et le terrorisme.
Les principales missions du RAID incluent :
- Intervenir lors de crises graves ou complexes menaçant l'ordre public et la sécurité des citoyens, comme les attaques terroristes, les prises d'otages, ou les retranchements de malfaiteurs.
- Assurer la sécurité de hautes personnalités, françaises et étrangères, lors de cérémonies officielles, en collaboration avec le Service De La Protection (SDLP).
- Protéger de manière rapprochée certains ambassadeurs en poste dans des pays à risques.
- Sécuriser de grands événements politiques, publics, culturels, sportifs ou des manifestations sociales, souvent avec le soutien de tireurs d'élite.
- Apporter un soutien humain, logistique et stratégique aux services de police spécialisés dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
- Former certains agents de police à des missions spécifiques, en partenariat avec la Direction des Ressources et des Compétences de la Police Nationale (DRCPN).
- Réaliser des tests techniques en collaboration avec d'autres directions de la police nationale, comme la DRCPN et la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), pour améliorer les équipements et techniques d'intervention.
- Participer à la formation d'unités d'intervention étrangères dans le cadre de la coopération internationale.
- Intervenir pour arrêter des individus ou groupes soupçonnés de préparer des crimes ou des actes terroristes en France.
Le RAID opère principalement en milieu urbain, étant une unité de la police nationale, tandis que la gendarmerie nationale se concentre sur le milieu rural.
Pour mener à bien ses missions, le RAID s'appuie sur des agents spécialisés dans divers domaines, tels que :
- l'approche discrète,
- le groupe cynotechnique (maîtres-chiens),
- l'effraction,
- la section d’intervention,
- le groupe médical,
- le groupe de négociation,
- le groupe de plongée d’intervention,
- le groupe technique,
- le groupe des techniques de cordes en milieux périlleux,
- les tireurs de haute précision,
- la gestion des risques NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique, Chimique),
- et le parachutisme opérationnel.
Organisation interne
Structure hiérarchique
Le RAID est structuré en plusieurs sections spécialisées, chacune ayant un rôle distinct :
- Section Assaut : Interventions armées et libérations d’otages.
- Section Négociation : Dialogue avec les preneurs d’otages et gestion des crises.
- Section Effraction : Entrée forcée dans les bâtiments sécurisés.
- Section Médicale : Soins d’urgence et soutien médical en opération. (Matthieu Langlois, médecin du RAID a écrit un livre "Médecin du RAID: Vivre en état d'urgence" sur les événements du bataclan).
- Section Protection : Sécurisation de personnalités menacées.
Grâce à ses compétences variées et à un équipement de pointe, le RAID est toujours prêt à « Servir sans faillir » dans toutes les situations.
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Recrutement et formation
Sélection et épreuves
Une ou deux fois par an, des notifications sont envoyées aux commissariats pour informer les policiers que la FIPN recrute de nouveaux membres, offrant ainsi l’opportunité de rejoindre le RAID.
Tous les policiers, qu’ils soient gardiens de la paix, officiers ou commissaires, ayant au moins 3 ans d’expérience dans un service actif, peuvent postuler. Les candidats intéressés doivent soumettre leur candidature accompagnée d’un dossier, avec l’appui de leur hiérarchie et de très bonnes évaluations.
Si leur dossier est retenu, ils passent des tests de sélection à l’école de police de Saint-Malo. Ces épreuves, conçues par le directeur général de la police nationale en collaboration avec le chef du RAID, durent 10 jours et changent chaque année. Elles incluent des épreuves physiques, techniques, de tir, de combat, ainsi que des tests de résistance physique et psychologique.
Durant cette période, les candidats sont soumis à des conditions difficiles, y compris des tests de claustrophobie et de vertige. Ceux qui réussissent accèdent ensuite à une préformation éliminatoire, qui inclut d'autres évaluations physiques, psychologiques, et comportementales.
Les candidats ayant réussi la préformation sont inscrits sur une liste d’admissibilité valable pour 2 ans. Ils peuvent alors être affectés en fonction des besoins, avec des missions renouvelables deux fois sur accord du chef de service, après consultation d'une commission interne.
Les nouveaux membres du RAID suivent une formation initiale et une période probatoire de 6 mois, où leurs missions varient en fonction de leur niveau d’habilitation.
Équipement et technologies
Le RAID dispose d'un arsenal et d'équipements technologiques de pointe :
- Armes : Pistolets-mitrailleurs, fusils d’appui, explosifs, fusils d’assaut, fusils à pompe, mitrailleuses légères et fusils de précision.
- Technologies : Outils de surveillance avancés, systèmes de communication sophistiqués, et dispositifs d'effraction spécialisés.
- Protection individuelle : Gilets pare-balles, casques balistiques, et équipements de protection contre les explosions.
En plus de cet armement, le RAID utilise divers véhicules adaptés aux situations spécifiques, tels que des motos, des véhicules banalisés pour les filatures, et des véhicules blindés. Depuis 2008, l'unité bénéficie également du soutien du Groupe Interarmées d'Hélicoptères (GIH), une unité du Commandement des Opérations Spéciales (COS) créée en 2006 pour assister le GIGN.
Le RAID et la BRI
Le RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion) et la BRI (Brigade de Recherche et d'Intervention) sont deux unités d'élite de la police française, mais elles ont des missions et des champs d'intervention différents.
RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion)
- Mission principale : Le RAID est une unité nationale de la police nationale spécialisée dans la gestion des crises graves. Cela inclut les prises d'otages, les arrestations de criminels particulièrement dangereux, la lutte contre le terrorisme, et d'autres situations de grande envergure nécessitant une intervention spécialisée.
- Portée : Le RAID intervient sur l'ensemble du territoire français et peut également être mobilisé à l'international si nécessaire. Il coordonne également les groupes d'intervention régionaux (GIPN) qui sont disséminés à travers la France.
- Expertise : Les membres du RAID sont formés pour des missions extrêmement variées, allant de la négociation en situation de crise à l'intervention tactique armée, en passant par la déminage et la protection de personnalités.
BRI (Brigade de Recherche et d'Intervention)
- Mission principale : La BRI, souvent appelée "Brigade antigang", est une unité d'élite spécialisée dans la lutte contre le grand banditisme, le crime organisé, et le terrorisme. Elle est particulièrement connue pour son travail d'investigation et ses opérations d'interpellation de criminels violents.
- Portée : La BRI est principalement active à Paris (BRI-PP pour Préfecture de Police de Paris) et dans les grandes métropoles françaises, où elle travaille en collaboration étroite avec les services de police judiciaire.
- Expertise : La BRI se distingue par sa capacité à mener des enquêtes de longue durée sur des réseaux criminels complexes, à réaliser des filatures et à organiser des arrestations en flagrant délit. Elle est également équipée pour intervenir rapidement dans des situations d'urgence, comme les prises d'otages.
Principales différences
- Rôle et spécialisation : Le RAID est davantage orienté vers la gestion de crises à grande échelle et d'interventions complexes, souvent avec une dimension terroriste, tandis que la BRI se concentre sur la lutte contre le banditisme et les opérations de police judiciaire.
- Portée géographique : Le RAID a une portée nationale et intervient partout en France, tandis que la BRI est plus localisée, avec une forte présence à Paris et dans les grandes villes.
- Historique et culture : Le RAID a été créé en 1985 pour répondre à des besoins spécifiques en matière de gestion de crises, tandis que la BRI, fondée en 1964, a une longue tradition dans la lutte contre le crime organisé.
Collaborations JO 2024
Pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques de Paris 2024, une collaboration sans précédent entre le GIGN, le RAID, et la BRI de la Préfecture de Police (P.P.) a été mise en place. Ces unités d'élite ont unis leurs forces pour sécuriser la cérémonie d'ouverture ainsi que l'ensemble des épreuves. Leur coordination a permis de déployer une réponse rapide et adaptée à toutes les situations, garantissant ainsi la protection des athlètes, des spectateurs, et des personnalités présentes lors de cet événement international.